La seconde main est-elle vraiment une solution à la crise écologique ?

Comment produit-on ?

Pour bien comprendre comment fonctionne la seconde main et ce qu’elle permet d’éviter, il faut d’abord comprendre notre mode de production actuel et les impacts qu’il a sur notre environnement et sur nos modes de vie.

Nous pouvons commencer par définir un mode de production. Un mode de production est une façon d’utiliser des facteurs de production afin de produire des biens ou des services. Traditionnellement, des facteurs de production sont la main-d'œuvre (le travail humain) et le capital (l’ensemble des machines, outils…).

Ce mode peut être plus ou moins intense en capital ou en main d'œuvre. Par exemple, l’agriculture intensive a une forte intensité capitalistique, tandis que l’agriculture en circuits courts repose plus sur la main-d'œuvre (pour en savoir plus, retrouvez notre article sur l’agriculture en circuits courts).

La crise écologique actuelle nous force à repenser notre mode de production afin qu’il respecte davantage l’environnement.

Aujourd’hui, notre société est dans un système sur-productiviste qui produit plus que ce dont elle a besoin pour répondre aux besoins de la population. On le voit avec les phénomènes de la fast-fashion qui est en train de devenir l’ultra fast-fashion. Le renouvellement constant des collections engendre de nombreuses formes de pollution et une quantité démesurée de déchets qui se retrouvent dans les pays pauvres, comme le Chili par exemple, dans le désert d’Atacama.

Le seconde main comme contre-pied à ce système

Après avoir fait ce constat, il faut l’avouer, un peu alarmant de l’état de notre planète. On peut être tenté de se demander : mais comment modifier ma consommation de vêtements afin qu’elle soit plus respectueuse de l’environnement?

La seconde main représente l’ensemble des marchés de produits qui ont déjà utilisés et à qui on souhaite donner une nouvelle vie. On peut trouver tous les produits en seconde main : meubles, vêtements, livres, ustensiles de cuisine, matériaux en tout genre… On peut les trouver dans différents contextes.

Les produits de seconde main se trouvent généralement en brocantes. Tous les objets présents ont déjà vécu et ce sont les propriétaires qui souhaitent les revendre.

Il existe également d’autres moyens de trouver des objets de seconde main. De nombreuses friperies ont vu le jour : ces magasins récupèrent des vêtement usés afin de les revendre. Les boutiques possédant le label emmaüs sont des boutiques solidaires qui revendent également toutes sortes d’objets à prix cassé.

Avec le développement des nouvelles technologies, on a maintenant des places en ligne où la seconde main se développe très rapidement. Des sites comme leboncoin ou Vinted en sont de parfaits exemples.

La seconde main est en effet le parfait contrepied à notre système productiviste et ceux pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, racheter des produits usagés permet de baisser la demande de nouveaux produits, et voyant leurs activités être moins rentables, les entreprises n’ont d’autres choix que de réduire la quantité produite. Cela permet d’alléger la pression sur les ressources planétaires.

De plus, ne pas consommer neuf permet de limiter les transports. Par exemple, la grosse majorité des vêtements que l’on trouve en friperie sont des vêtements provenant de la même ville, donc l’empreinte carbone de ces produits est réduite. On se rapproche également d’un mode de vie zéro-déchet en achetant en seconde main.

En dehors des avantages écologiques, les produits issus de la seconde main sont souvent moins chers. Ces produits sont d’occasion ce qui les rend automatiquement moins chers. C’est également l’occasion d’affirmer son style et de trouver des pièces qui changent de l’ordinaire. Que ce soit des meubles, des vêtements ou toute sorte d’accessoires.

Peut-on mal consommer en seconde main ?

La seconde main apparaît donc comme le meilleur moyen de consommer moins et mieux afin de réduire son impact environnemental. Cependant, il ne s’agit pas d’une pratique magique qui résout l’entièreté de nos problèmes et il existe des limites.

La première est la principale est plus connue sous le nom d’effet rebond, très utilisé dans les discussions écologiques actuelles. Cela correspond au fait que les réductions de l’impact environnemental de certaines technologies provoquent plus d’émissions car son utilisation augmente.

L’exemple le plus clair de ce fait est la voiture. Aujourd’hui, les voitures consomment moins qu’avant, mais il y en a plus, donc l’effet est plus que compensé et les émissions liées au transport ne diminuent pas.

On peut tout à fait relier l’effet rebond à la seconde main. En effet, on voit qu’avec les applications de revente et notamment Vinted, une hausse des ventes de produits issus de la fast fashion.

Cette tendance pose 2 problèmes majeurs.

• Le premier est que l’industrie de la fast fashion n’est pas en train de décroître, malgré les mouvements qui visent à rendre notre consommation plus écologique. Cette industrie gagne même de l’ampleur pour devenir l’ultra fast fashion avec le développement des plateformes de e-commerce. Ainsi, les consommateurs achètent ces produits même s’ils n’en ont pas vraiment l’utilité en se disant que de toute façon “Vinted est là pour pouvoir revendre”. On assiste donc plus à une déculpabilisation de la consommation qu’à une réelle prise de conscience écologique.
• De plus, le nombre de colis se démultiplie à cause de ce premier problème, ce qui rend l’impact sur la planète de la seconde main encore moins positif. Une recrudescence des colis provoque plus de livraisons qui sont émettrices de CO2.

Ainsi ces deux problèmes montrent que l’effet rebond, qu’il soit réel ou de conscience, rend la seconde main moins écologique.

Evidemment, la seconde main reste positive. Beaucoup de personnes essayent de réduire leur consommation et de recourir à la seconde main que lorsque l’achat est nécessaire. Nous pouvons réduire notre consommation et mettre un terme à la sur-consommation, pour cela nous devons prendre conscience de l’impact de notre consommation sur l’environnement.

Où vendre ses vêtements en seconde main ?

Une fois que la décision est prise de faire plus de seconde main, on peut vite se retrouver face à d’autres problèmes : comment y participer et notamment comment revendre ses articles ? Il est vrai que l’on sait où les friperies sont, mais acceptent-elles de racheter vos vêtements ? Nous vous offrons un petit guide pour vous aider.

Concernant les vêtements, mis à part les plateformes en ligne comme Vinted ou leboncoin, il existe d’autres solutions.

• Les braderies et vide-greniers : ce sont des événements auxquels il est facile de participer et simple d’organisation. Renseignez-vous auprès de votre mairie afin d’en connaître les dates et les modalités. Certaines villes organisent des braderies dans des grands espaces comme Paris qui organise “Violette sauvage” dans le 11ème arrondissement : un célèbre vide-dressing.
• Des grands distributeurs proposent de reprendre vos vêtements contre des bons d’achat. C’est le cas des grandes enseignes comme Carrefour ou Auchan. Nous vous conseillons de vous renseigner sur Internet afin de voir si votre magasin propose ce service.
• Il existe de nombreux sites qui proposent ce service comme Once Again. Il existe également OMAJ qui propose un service similaire : vous déposez vos vêtements dans l’un des Points Relais et OMAJ s’occupe du reste. Ils s’occupent de la publication des vêtements et transmettent les gains des ventes sur votre cagnotte.

Pour vos vêtements qui ne sont pas en état d’être revendus, vous pouvez toujours les déposer dans des conteneurs Le Relais (trouver la carte des points ici).