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Aperçu des différentes initiatives du secteur de la finance verte, pour déceler le greenwashing des vrais engagements.
La finance verte a commencé avec la création de mesures pour évaluer les investissements. C'est l'ESG - ou les critères Environnementaux-Sociaux-de Gouvernance.
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ouvrir un compteL'instauration d'une grille de critères d'évaluation a - enfin - permis de juger la performance extra-financière des investissements. Pour cela on a ajouté les piliers du développement durable à l'évaluation de rentabilité pure.
Les critères se déclinent quasi infiniment mais ils incluent généralement :
Ces critères sont sélectionnés puis évalués pour chaque projet d'investissement. Selon la banque ou le fonds, certains seront scrutés avec plus d'attention que d'autres et devront permettre de valoriser des projets plus vertueux que d'autres.
Évidemment, cette évaluation n'est utile que si elle est suivie d'une action concrète : mesurer l'impact très néfaste des projets d'énergies fossiles est inutile s'ils sont finalement financés malgré tout !
L'ISR - ou Investissement Socialement Responsable - "vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable quel que soit leur secteur d'activité". Derrière cette définition assez vague se cache une multitude de pratique plus ou moins populaires.
Le Label ISR, créé en 2016 par le minitère de l'Economie et des FIannces, impose à ses membres de prouver que ses investissements sont meilleurs que leur indice ou univers de référence sur 2 des 4 critères suivants : l'environnement, le social, la gouvernance et le respect des droits humains.
Heureusement, il est encore possible d'être un mauvais élève sur les autres sujets !
L'approche "Best-in-class" est très commune en France. C'est une démarche positive de sélection sur des critères ESG qui revient à ne sélectionner que les entreprises les mieux notées au sein d'un secteur.
Un concept finalement assez peu contraignant puisqu'il permet, sous couvert de finance durable, de financer le "plus vert des pétroliers" ... ou le "moins pire" !
Cette approche, plus ambitieuse, sélectionne les entreprises les mieux notées sur les critères ESG, tous secteurs confondus. Selon ces mêmes critères, les entreprises les plus vertueuses seront favorisées dans la sélection, sans pour autant que cette dernière ne puisse exclure certains secteurs. Un peu mieux donc ?
Mais puisque ce sont les banques elles-même qui évaluent les fonds, il n'y a pas de contrôle indépendant. La classification repose donc sur la confiance accordée à une banque ou à un label en particulier. Il faudra donc à chaque fois être attentif aux critères, à la transparence et aux instances de contrôle.
Publié par l'AFG en 2019 dans le rapport "La gestion Investissement Responsable - Données d’enquête à fin 2018"
Certains secteurs économiques - les énergies fossiles par exemple - sont intrinsèquement incompatibles avec les principes de la finance durable. Ils peuvent alors être exclus : on parle alors d'une approche "exclusive", plus plébiscitée dans le monde Anglo-saxon qu'en France. On retrouvera souvent dans les listes d'exclusion les industries du tabac ou de l'armement mais aussi parfois la pornographie, le nucléaire ou le phytosanitaire.
Finalement, c'est un premier pas pour rejeter le financement de cigarettes écologiques ou d'agrocarburants qui participent à la déforestation à l'autre bout du monde !
A l'inverse, les fonds thématiques vont se concentrer sur les entreprises d'un seul secteur : on retrouvera souvent des fonds dédiés à la gestion de l'eau, aux énergies renouvelables ou à la santé. Et non, un fonds thématique pétrolier ne rentre donc pas dans le domaine de l'ISR !
Les fonds thématiques
Un peu moins connue, cette approche de la finance durable vise à obtenir des sièges au sein du conseil d'administration d'entreprises dont on détiendrait des parts, en faisant jouer ses droits d'actionnaires. Ces postes d'influence permettent alors de mettre en œuvre des actions pour orienter l'entreprise sur une piste plus vertueuse d'un point de vue social, environnemental et de gouvernance.
Lorsqu'on parle de Finance verte, les obligations vertes - ou Green Bonds en anglais - sont incontournables.
Les obligations vertes sont émises par des entreprises ou des États afin que les montants empruntés puissent être orientés vers des projets verts : on y retrouvera pêle-mêle le financement de la rénovation des bâtiments, la transformation du secteur des transports ou de l'énergie, l'accompagnement d'agriculteurs ou les plans de relance verts.
Eh bien, ça dépend ! Reclaim Finance et Le Monde nous rappellent que toutes les obligations vertes ne se valent pas. En cause, un fonctionnement très peu régulé et souvent opaque... même si TotalEnergies essaie de nous convaincre que ces produits sont "très encadrés".
Il ne faut pas s'étonner de cette prise de position : le pétrolier, comme beaucoup d'autres entreprises, lève une partie croissante de sa dette grâce à ces obligations vertes.
C'est ici le premier écueil du secteur : les obligations vertes sont émises pour un programme étatique, une entreprise ou un projet particulier. Une obligation verte peut donc être utilisée pour financer le projet d'énergies renouvelables.. d'un pétrolier !
Une deuxième critique concerne le manque de contrôle sur les obligations vertes : les projets sont la plupart du temps déclarés "verts" par les émetteurs, sans avis d'un tiers indépendant. Ainsi la Chine a déjà utilisé des obligations vertes pour financer des Centrales à Charbon, prétendument plus propres !
Crédits : Ménégolo
Pour vous aider à y voir plus clair, il existe heureusement des labels internationaux et des initiatives volontaires qui visent à réguler le domaine. On citera notamment les Green Bond Principles et la Climate Bonds Initiative car ils ont été les premiers à rendre public une liste de critères pour encadrer les obligations vertes. L'Union Européenne a aussi rendu public en 2020 son "Standard Européen d’Obligations Vertes".
Particulièrement populaire en France, les LDDS (Livrets de Développement Durable et Solidaire) sont parfois aussi classés dans la finance verte. Ces livrets au fonctionnement proche du livret A mettent en avant leur participation dans la transition écologique et les logements sociaux. Peut-on parler dans ce cas de finance verte ?
Illustration prise sur le site du Crédit Mutuel
En parcourant les sites des grandes banques françaises, on ne retrouvera jamais d'éléments suffisants pour évaluer le livret selon les 3 critères. Pourtant le LCL, la Banque Postale, le Crédit Mutuel et la BNP mettent en avant l'impact environnemental de ces livrets, sans ne jamais mentionner de quel impact il est question.
On notera quand même que la Société Générale est la seule banque qui publie les chiffres de l'utilisation de ces fonds, mélangés à ceux du livret A... on notera ainsi les 0,18% des fonds employés aux travaux d’économie d’énergie dans les bâtiments anciens !
La finance verte reste un outil efficace et indispensable pour la transition écologique à venir. La question est de savoir comment identifier les bons produits et les sélectionner : soit vous pouvez croire les promesses des émetteurs, soit vous pouvez vous concentrer sur 3 points qui vous seront bien utiles :
Explication des principes d'intentionnalité, d'additionnalité et de mesurabilité
Ces 3 piliers sont difficiles - ou impossibles - à évaluer pour un particulier. Mais ce sera ces critères qu'il faudra surveiller dans les engagements des fonds et surtout des labels. Ce sera aussi ces piliers qu'il faudra utiliser pour questionner son conseiller bancaire !
Et vous, ça vous paraît suffisamment vert la "green finance" ?
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